Vitamine K2 : l’amalgame de la diversité des formes

Pour le consommateur non initié, la vitamine K2 peut s’avérer être une vitamine extrêmement compliquée et confuse. Il existe tellement de formes différentes, que le choix d’une forme de vitamine K2 provoque de nombreuses incertitudes et peut prêter à confusion.

Et cela ne s’arrêt malheureusement pas là : il existe actuellement une véritable publicité mensongère à propos des produits de vitamine K2 MK7, se traduisant par des étiquettes trompeuses, dont même les consommateurs particulièrement avertis n’ont que très rarement connaissance.

Cet article a pour objectif d’expliquer de quoi il s’agit véritablement afin de permettre aux lecteurs d’être en mesure de reconnaître un produit de vitamine K2 de qualité haut de gamme.D

Principe actif vitamine K2 : un bref aperçu

Pour le consommateur, la différence entre la vitamine K1 et la vitamine K1 constitue généralement le premier obstacle, puisque il est communément fait référence à la “vitamine K”. En termes d’efficacité, ces deux vitamines sont toutefois totalement différentes, bien qu’elles présentent d’importantes similitudes du point de vue chimique.

En ce qui concerne la vitamine D, seule la vitamine K2 revêt une importance cruciale. La vitamine K2 existe sous différentes formes chimiques, qui se distinguent par la différence de longueur de la chaîne latérale chimique. En termes d’efficacité globale, elles sont quasiment identiques, mais elles sont cependant exploitées différemment.

La vitamine K2 peut être extraite de manière naturelle, par le biais de la fermentation, mais elle peut également être élaborée de manière synthétique.

Voici un bref aperçu des formes les plus fréquemment utilisées.

MK7 : la différence entre cis et all-trans

Globalement, la vitamine K2 MK7 est actuellement considérée comme la forme de vitamine K2 la plus efficace. En effet, elle présente la biodisponibilité la plus haute, sa durée de circulation dans le sang est la plus longue et elle déploie les effets les plus durables sur le long terme. (1)

Il faut tout de même rester vigilant : la MK7 est existe également sous deux formes différentes, connues sous le nom d’isomères cis et trans.

Du point de vue chimique, ces deux formes sont identiques. Seule la structure géométrique de la molécule permet de les différencier.

Dans la pratique, cette petite distinction fait malheureusement toute la différence, puisque l’organisme détecte et exploite exclusivement les isomères trans. La forme cis de la vitamine K2 MK7 est ainsi presque totalement inefficace.

Au sein de la membrane cellulaire, toutes les molécules de la vitamine K doivent impérativement se lier à une hélice composée de deux enzymes (Gamma-glutamyl carboxylase et vitamine K époxyde réductase), afin de pouvoir déployer leurs effets. Pour parler en termes imagés, cette hélice d’enzyme a la forme d’une poche située dans la membrane cellulaire. Tel que l’a démontré une étude datant de 2011, l’anneau de la molécule naphtoquinone des formes trans de la vitamine K s’insère, comme une clé, parfaitement dans cette hélice enzymatique. (2)

Les formes cis de la vitamine K sont inefficaces

Dans les années 70, il a d’ores et déjà pu être démontré que les formes cis de la vitamine K1 sont biologiquement inactives. (3 – 5) À cette époque, la cause exacte expliquant ce phénomène était toutefois encore inconnue. Grâce aux nouvelles découvertes en matière de métabolisme de la vitamine K, il a pu être démontré ce qui suit : en raison de leur alignement géométrique, les formes cis de la vitamine K1 et de la vitamine K2 ne parviennent pas à se lier aux enzymes concernés, ce pourquoi elles restent inactives et inefficaces (la clé n’entre pas dans la serrure).

Bien que la recherche clinique, en matière d’inactivité des formes cis, se limite jusqu’à présent à la vitamine K1, les résultats sont également valables pour la vitamine K2. En effet, l’anneau de la molécule Naphtoquinone, responsable de l’action déployée par le groupe de vitamines K, est identique chez toutes les formes de vitamines K. Par conséquent dans ce cas, les résultats constatés chez la vitamine K1 peuvent être reportés sur la vitamine K2. 

Compléments de vitamine K2 MK7 all-trans

Grâce à une série de tests, un laboratoire norvégien spécialisé a pu établir que les compléments de vitamine K2 MK7 de bonne qualité contiennent une quantité de forme cis comprise entre 0% et 2%, tandis que les compléments de mauvaise qualité peuvent posséder une teneur en forme MK7 cis pouvant s’élever jusqu’à 74% (4). Puisqu’il n’existe actuellement aucun cadre légal en la matière, le marché de la vitamine K2 est inondé de produits MK7, au sein desquels moins de la moitié de la quantité de principe actif K2 indiquée est disponible sou sa forme effectivement exploitable par l’organisme.

C’est la raison pour laquelle lorsque l’on aborde la vitamine K2 MK7, il est primordial que la quantité de MK7 trans soit la plus élevée possible.

Les produits possédant une teneur en forme trans supérieure à 98% portent la dénomination “all-trans”.

Lors de l’achat d’un complément de vitamine K2, il faut donc veiller à ce que le produit choisi porte cette appellation. L’appellation 100% all-trans est bien entendu idéale.

Comment reconnaît-on les étiquettes frauduleuses sur les compléments de vitamine K2 MK7 ?

L’écart cis-trans contenu dans les compléments de vitamine K2 MK7 dans les complément de  ne pouvant être évaluée que par des laboratoires spéciaux, le consommateur final ne dispose donc actuellement d’aucun moyen abordable lui permettant d’effectuer lui-même cette estimation. Certains laboratoires, tels qu’Eurofins en Allemagne et Synthetica en Norvège, réalisent, certes, des tests pour des clients privés, mais le coût de ces tests reste extrêmement élevé.

C’est pourquoi, la seule option actuellement disponible, consiste à rechercher des fabricant sérieux, maîtrisant parfaitement leur sujet. Les fabricants de qualité indiquent automatiquement sur l’étiquette de leur produits s’il s’agit de vitamine K2 MK7 all-trans.

Dans de nombreux cas, le prix constitue un indice plutôt fiable : actuellement, un fabricant de Mk7 all-trans précautionneux propose des produits coûteux. De nombreux produits de vitamine K2 vendus à bas prix utilisent donc très probablement des principes actifs peu coûteux à l’import, provenant généralement de Chine. Ce phénomène permet, certes, d’afficher un prix de vente plus abordable, mais ce type de complément étant toutefois inefficace à 60%, il faut débourser le double du prix afficher pour obtenir une efficacité correcte. Des prix excessivement bas sont donc généralement synonymes de principe actif bas de gamme et bon marché. Ce critère de prix n’est cependant pas systématiquement significatif, puisque les fabricants peuvent également réduire le prix de vente en produisant d’immenses quantités ou en réduisant leur marge de bénéfice.

MK7 : naturelle ou synthétique ?

Il existe actuellement deux procédés permettant de fabriquer de la vitamine K2 MK7 all-trans :

• Fermentation/Extraction réalisée à partir de Soja et de cultures de bactéries (Natto)
• Synthèse organique réalisée à partir d’huiles florales

Les deux procédés permettent de produire une molécule parfaitement identique. Elles ne présentent ni différence chimique, ni variation en termes d’efficacité biologique. Les deux molécules sont donc identiques à 100%. La vitamine K2 issue de Natto est généralement qualifiée de vitamine K2 “naturelle”. Toutefois, en fin de compte, les deux procédés permettent d’obtenir une vitamine K2 à partir de matières premières naturelles, et les techniques modernes de laboratoire sont également appliquées au cours des deux procédés.

En principe, les deux procédés peuvent donner lieu à la présence de la forme cis et à la présence d’impuretés, ce pourquoi la garantie du fabricant et la mention „100 % all-trans“ sont deux critères primordiaux. Les principes actifs élaborés selon ces deux procédés ne présentent quasiment aucune différence en termes de prix.

Vitamine K2 de Natto: seulement à moitié naturelle

En règle générale, la MK7 issue de soja/ Natto est principalement disponible sous forme trans, ce pourquoi la K2-Natto a longtemps constitué le choix numéro 1. Aujourd’hui, cette caractéristique est toutefois considérée comme trop vague, et les divers procédés de fermentation, nécessitant des techniques de laboratoire, sont distribués sous les appellations “K2-Natto”, “vitamine K2 naturelle” ou “origine naturelle”, si bien que que l’on ne plus vraiment se fier à ces appellations. (Ces types de vitamine K2 peuvent également contenir une importante quantité de cis, et un niveau élevé d’impuretés a été détecté dans certains principes actifs importés).

Certaines personnes souffrant d’une forte allergie au soja ainsi que les personnes présentant une intolérance à l’histamine peuvent développer des réactions (dont les causes sont inconnues) à la vitamine K2 issue de Natto, bien que les laboratoires n’aient décelé la présence d’aucun allergène dans le principe actif (dans de tels cas, les formes synthétiques constituent éventuellement une meilleure option). En outre, du soja génétiquement modifié peut entrer dans la composition des ces produits, il faut donc veiller à ce que le produit porte la mention “sans OGM”.

Les produits élaborés à partir de la fermentation naturelle ne sont jamais 100% K2 MK7 all-trans, ils contiennent toujours de faibles doses de MK4, Mk6 et MK9.

La fermentation industrielle se distingue sensiblement de la fermentation naturelle. Pour obtenir une vitamine K2 à partir de farine de soja (présentée comme de Natto), divers procédés de filtration et diverses substances chimiques sont mis en oeuvre. Le processus est extrêmement fastidieux, puisqu’il regroupe de multiples étapes de dissolution et de filtration. Ensuite, la vitamine K2 doit être séparée de la matrice nutritionnelle, les différentes formes de K2 (MK4, Mk6, Mk9), apparaissant inéluctablement lors de la fermentation, doivent également être séparées, puis il faut alors séparé les isomères trans des isomères cis (une étape que peu de fabricants réussissent jusqu’à présent).

Suite à la réalisation de toutes ces étapes, la fabrication de la vitamine K2 naturelle est à peu de choses près similaire à celle de la vitamine K2 de synthèse. Puisque la vitamine K2 n’est produite qu’en quantités infinitésimales lors de la fermentation, l’extraction est considérablement plus difficile. Actuellement, il est possible de parvenir à une solution à 1% dans le meilleur des cas, et en termes ioniques, ce procédé entraîne fréquemment la présence d’impuretés constituées de résidus de solvants, d’autres formes de K2 et de matrice nutritionnelle (poudre de soja). Par ce biais, il est absolument impossible de produire une K2 all-trans à 100%. Les meilleurs fabricants au monde parviennent actuellement à atteindre 98-99%. En ce qui concerne les produits importés de Chine, les indications fournies par les fabricants, en matière de teneur et de pureté, sont parfois douteuses et à considérer avec précaution (la teneur all-trans fluctue de manière aussi importante que le degré de pureté).

K2 issue de la synthèse organique

D’un autre côté, lors de la synthèse organique, 2 molécules provenant d’huiles florales naturelles (géraniol et citronnelle) sont liées ensemble, de manière à produire une molécule de k2 MK7. La vitamine K2 est donc élaborée, sous contrôle strict, à partir de deux molécules structurellement similaires. Ici encore, des procédés d’extraction similaires sont nécessaires à l’obtention des huiles. Il en résulte toutefois une vitamine K2 all-trans pure et cristalline, concentrée à 100%. Malgré la présence de substances initiales naturelle, on ne peut encore une fois pas parler de principe actif naturel proprement dit. Le principe actif est totalement pr et composé à 100% de vitamine K2 all-trans.

Attention aux produits combinant K2 et calcium

Il est prié de prêter une attention particulière aux produits contenant une combinaison de vitamine K2 et de calcium. La vitamine K2 se décompose lorsqu’elle se trouve dans un environnement basique et elle est instable en présence de calcium. Dans de tels cas, seule de la vitamine K2 micro-encapsulée peut être utilisée, permettant ainsi de la protéger contre une décomposition.

En présence de principes actifs de vitamine K2 conventionnels, il est à noter que le produit contient en réalité une quantité de K2 nettement inférieure à celle indiquée sur le produit.

Résumé

La vitamine K2 n’est pas la seule vitamine présentant d’importantes différences qualitatives. Mais dans son cas, ces différences sont toutefois véritablement considérables, puisque la majeure partie du principe actif supposé être contenu dans certains compléments est totalement inefficace. Lors de l’achat d’un complément de vitamine K2, il faut veiller à ce que le produit sélectionnée porte l’appellation vitamine K2 MK7 all-trans.

Qui plus est, il est plus que recommandé de n’acheter ses compléments qu’auprès de fabricants sérieux, fiables et engagés. Un tel choix entraîne probablement une légère différence de prix, mais la qualité des produits fait oublier ce petit inconvénient. À l’instar des produits alimentaires, une expertise dans le développement de produits, des principes actifs de qualité haut de gamme et des tests de pureté détaillées ont bien sûr un coût.

Sources

1. Sato, T., Schurgers, L. J., & Uenishi, K. (2012). Comparison of menaquinone-4 and menaquinone-7 bioavailability in healthy women. Nutrition journal, 11(1), 1.
2. Wu, S., Liu, S., Davis, C. H., Stafford, D. W., Kulman, J. D., & Pedersen, L. G. (2011). A hetero-dimer model for concerted action of vitamin K carboxylase and vitamin K reductase in vitamin K cycle. Journal of theoretical biology, 279(1), 143-149.
3. Matschiner JT, Bell RG. Metabolism and vitamin K activity of cis phylloquinone in rats. J Nutr. 1972 May;102(5):625-9.
4. Lowenthal J, Vergel Rivera GM. Comparison of the activity of the cis and trans isomer of vitamin K1 in vitamin K-deficient and coumarin anticoagulant-pretreated rats. J Pharmacol Exp Ther. 1979 Jun;209(3):330-3.
5. Knauer, T. E., Siegfried, C., Willingham, A. K., & Matschiner, J. T. (1975). Metabolism and biological activity of cis-and trans-phylloquinone in the rat. The Journal of nutrition, 105(12), 1519-1524.
6. http://www.synthetica.no. Bisher unveröffentlichte Arbeit